2.7.4.d Comment protéger les pieds après complantation ?

Le matériel disponible

La protection des jeunes plants est souvent indispensable au bon développement de ceux-ci. Dans ce sens, il est possible d’utiliser des caches, aussi appelés manchons, qui recouvrent les complants. Ils sont très pratiques contre les lapins mais peuvent se révéler dangereux par la création d’un effet de serre lors de périodes de grosse chaleur. De plus, l’herbe peut pousser à l’intérieur des caches sans que le vigneron s’en rende compte. Ils peuvent aussi constituer une loge idéale pour les escargots qui peuvent se nourrir des bourgeons. Des caches translucides permettent de limiter les effets de serre et rendent le complant plus facilement visible, mais il peut être nécessaire de retirer les caches jusqu’à ce que les températures deviennent plus tolérables. Il existe aussi des filets de protections.

Les jeunes plants doivent être tuteuré : il peut s’agir d’un seul piquet ou de piquets doubles attachés au fil porteur (Voir partie plantation).

Le château Latour n’utilise pas de cache puisque les jeunes plants ne sont pas soumis aux dégradations par les animaux. En revanche, les doubles piquets permettent de protéger ces plants lors du travail du sol. C’est aussi le cas au domaine d’Eugénie ainsi qu’au Clos de Tart.

La gestion de l’enherbement

Il est nécessaire de gérer le développement d’adventices sur le pourtour des complants afin d’éviter tout phénomène de concurrence induite. Dans ce sens, il est possible de mettre en place un paillage uniquement pour les complants, les avantages sont nombreux : la pousse des adventices est limitée et le paillage maintient un sol humide. Le paillage peut aussi se montrer efficace concernant la retenue d’eau après arrosage des jeunes plants. Même avec de fortes chaleurs, l’eau de l’arrosage n’est pas rapidement évaporée.
Il existe aussi de nouveaux procédés proches du paillage : il s’agit de collerettes biodégradables placées autour du jeune pied qui limite la pousse des adventices par couverture sur le sol. Des carrés de paillage en coton peuvent aussi être utilisés en protection contre les adventices. La durée de vie de ces « nouveaux » paillages est de 2 ans environ.
Lorsque le paillage n’est pas souhaité ou difficile à mettre en place, il est possible de désherber manuellement le pourtour des complants.
Il convient aussi de maintenir une protection phytosanitaire pour ces jeunes plants. L’oubli de protection phytosanitaire pour les complants constitue une des causes d’un échec de complantation.

Le retour en production

La taille des complants doit être plus tardive si possible car les jeunes plants sont plus précoces que le reste de la parcelle. Taillés trop tôt, cela constitue un risque dans le cas de gelées tardives. Les complants sont plus sensibles encore au gel et aux épisodes climatiques extrêmes de manière générale, que les vignes en production.
En moyenne, un complant met 9 ans à atteindre son potentiel de production. Mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas productif. En général, il devient productif dès la deuxième année, mais il est possible de supprimer les grappes pour éviter de l’affaiblir. A partir de la troisième année, le jeune pied peut entrer en production. Si le potentiel qualitatif de la parcelle est élevé, il est conseillé de vendanger les jeunes pieds à part du reste de la parcelle. Ces jeunes plants peuvent alors être intégrés au reste de la parcelle une fois leur potentiel de production atteint. Seuls des analyses et dégustations permettront de définir l’intégration ou non des complants avec le reste de la parcelle.
Il est fortement conseillé de « surveiller » ses complants et d’en prendre soin jusqu’à leur optimum de production. Une mauvaise reprise des complants est souvent due à un manque d’entretien. Cela peut concerner une gestion irrégulière du travail du sol autour du complant, un abandon/oubli de soins tels que des arrosages/buttages insuffisants, un manque de fertilisation, un manque de protection phytosanitaire, une taille de formation trop précoce...