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4.2.1.c Quelles sont les conditions influençant la fermentation malolactique ?

Quels sont les facteurs défavorisant la fermentation malolactique ?

D’une manière générale, la toxicité du milieu va conditionner la fermentation malolactique principalement en influençant la fluidité membranaire des bactéries. A ce stade différents critères interdépendants sont présents pour rendre la fermentation difficile :

  • La teneur en éthanol du milieu est un paramètre influençant la viabilité des cellules. Plus il y a d’alcool plus la fermentation est difficile. Ceci n’est évidemment pas spécifique aux bactéries lactiques mais des valeurs supérieures à 14%vol rendent cette dernière plus difficile à déclencher.

  • Le pH est également un frein s’il est trop bas. En dessous de pH 3,2 la FML est plus difficile. Une solution dans ce genre de cas est de procéder à une légère désacidification d’une partie du lot pour lancer la FML puis le réincorporer au reste du lot lorsque cette dernière est enclenchée. Au vu des pH actuels du vin cette pratique n’est plus vraiment d’actualité.

  • La température est un paramètre clé puisqu’il est facilement contrôlable. La température idéale de fermentation se situe classiquement entre 18 et 25°C. En dessous de 16°C, la FML devient plus difficile. Au-dessus de 25 °C, la toxicité de l’éthanol est très impactante. Cependant, la valeur de température idéale de FML est très dépendante du taux d’alcool et du pH.

  • Les polyphénols. Ils peuvent avoir un effet bactériostatique dans certains cas. Cet effet est très dépendant du type de tanins rencontrés (condensés, polymérisés…) donc du cépage. A Bordeaux par exemple, le Merlot est connu pour être souvent plus difficilement fermentescible que le Cabernet-Sauvignon.

  • Les acides gras à courtes et moyennes chaînes qui sont produits par les levures lors de la fermentation alcoolique. Les acides octanoïque et décanoïque sont les acides les plus inhibiteurs. On considère qu’au-delà de 25 mg/L d’acide octanoïque et 5 mg/L d’acide décanoïque, la FML devient difficile. Un moyen pour éliminer ces inhibiteurs est la remise en suspension des lies qui vont adsorber ces composés ou alors d’ajouter des écorces de levures.

  • La concentration initiale en acide malique. Une valeur trop haute ou trop basse va rendre plus difficile le départ en FML. La valeur idéale se situe entre 2 et 3 g/L. On retient généralement que la FML est facilitée entre 1,5 et 4 g/L.

Voici quelques exemples des interactions température / éthanol / pH :
Si le degré d’alcool est supérieur à 14°C, la température idéale est entre 20 et 22°C.
Pour un vin à pH faible il vaut mieux s’orienter sur des températures plus élevées alors que pour des pH supérieurs à 3,6 une température de 18 °C est largement suffisante.
Le taux de SO2 total est également un facteur influençant les bactéries lactiques. Si la teneur en SO2 total est élevée la FML est plus difficile. Il faut prêter une attention particulière aux sulfitages trop précoces et trop intenses.

Une échelle très facile à utiliser permet d’évaluer rapidement la fermentescibilité du milieu. Elle est basée sur quatre critères :

Exemple de fermentescibilité malolactique de deux vins (trait plein et pointillé). Source : V. Renouf La fermentation malolactique dans les vins. Edition Lavoisier Tec&Doc

En additionnant les 4 paramètres notés sur cinq on obtient une note sur 20. Plus elle est élevée plus le milieu est fermentescible. La température et le SO2 total sont assez facilement contrôlables. Pour rendre le milieu fermentescible, il faut un SO2 total en dessous de 20 mg/l et une température comprise entre 18 et 25°C. On obtient alors une note de 10/20 à minima.
Une échelle plus précise et bien plus complexe peut être utilisée en prenant en compte tous les paramètres connus de perturbation de la FML, mais elle est plus difficile à appliquer au quotidien puisqu’elle nécessite également tous les autres critères (dosage des acides octa et décanoïque, IPT, dénombrement des bactéries lactiques et des levures…).

Quels sont les facteurs favorisant la fermentation malolactique ?

Les facteurs défavorisant le départ en FML ont été évoqués au chapitre précédent.
Pour résumer, il faut donc idéalement avoir la combinaison des conditions suivantes :

  • Un SO2 à une teneur faible

  • Une température entre 18 et 25°C

  • Un milieu appauvri en acide gras à courte chaîne (uniquement s’il y en trop initialement)

  • D’autres facteurs secondaires favorisant la FML n’ont pas été cités bien qu’ils soient impactant :

  • Une bonne teneur en stérol et en acides gras à longues chaînes insaturés. Ils ont un rôle dans la rigidification de la membrane qui permet de lutter face aux quantités élevées d’éthanol. Ce sont donc des facteurs de survie.

  • Une présence minimale d’azote organique dans le milieu pour que les bactéries puissent se développer. Elles sont cependant incapables de dégrader l’azote ammoniacal. La plupart du temps les acides aminés libérés par l’autolyse des levures sont suffisants pour les besoins des bactéries lactiques mais ce n’est pas toujours le cas, un apport peut parfois s’avérer utile.

  • Une légère aération semble favoriser le départ de la FML

Quelles sont les déviations potentielles avec des bactéries lactiques indigènes ?

Attention : ces risques bien que réels restent assez rares :

La piqûre lactique

C’est lorsque les bactéries lactiques dégradent les sucres résiduels. Les conséquences dépendent du type de souche. Des souches homofermentaires vont dégrader les sucres en acide lactique, ce qui est en soit peu gênant. Les souches hétérofermentaires vont transformer les sucres en acide lactique et en acide acétique. Pour confirmer une piqûre lactique il faut doser l’acide D-lactique qui n’est produit que par la dégradation des sucres. La dégradation de l’acide malique conduit à de l’acide L-lactique. Il faut alors stopper la FML via un léger sulfitage pour laisser le temps aux levures de finir de dégrader les sucres.

La piqûre mannitique

Elle provient de la dégradation du fructose en mannitol. Il donne un goût aigre au vin au-dessus de 100 mg/L. Comme pour la piqûre lactique, il faut éviter un départ en FML avant la fin de la fermentation alcoolique.
La maladie de l’amertume
Cette déviation est due à la dégradation du glycérol en acroléine, composé amer. Les souches produisant ce genre de défaut sont souvent du genre Lactobacillus.

Le goût de souris

Goût en pleine recrudescence depuis la réduction voire la suppression des sulfites, le goût de souris est provoqué principalement par la dégradation d’acides aminés (lysine et ornithrine) et la formation de dérivés de tétrahydropyridine.
A noter que ces composés peuvent également être produit par Brettanomyces bruxellensis pendant la fermentation alcoolique.
Les descripteurs aromatiques du goût de souris sont très variés : peau de saucisson, urine, souris, tortilla… ce qui la rend d’autant plus difficile à identifier. D’autant plus qu’elle n’est pas perceptible au nez mais plutôt en bouche lorsque le pH du vin augmente au contact de la salive.
Il n’y a à l’heure actuelle aucun moyen d‘éliminer le goût de souris.

La maladie de la graisse

Aussi appelée maladie des vins filants, elle est causée par des bactéries lactiques souvent du genre Pediococcus qui sont capables de dégrader des sucres en polymère de glucose. Le vin à un aspect filant, huileux. Pour l’éviter, il faut que les sucres soient totalement dégradés avant le départ de la FML.
La production d’amines biogènes
Quatre amines biogènes sont rencontrées dans le vin, par ordre d’importance :

  • L’histamine produite à partir d’histidine
  • La tyramine produite à partir de tyrosine
  • La cadavérine produite à partie de lysine
  • La putrescine produite à partir d’ornithine ou d’agmatine
    L’histamine et la tyramine en haute concentration peuvent conduire à des migraines, nausées, vomissements chez les personnes sensibles.
    La putrescine et la cadavérine sont des masques aromatiques.

Pour éviter l’apparition d’amines biogènes, il faut à minima une FML franche et rapide. Il faut également éviter d’avoir un excès d’acides aminés dans le milieu (mais pas être en carence non plus) et/ou utiliser des souches non productrices d’amines biogènes.
La norme rencontrée dans de nombreux pays est en général de 10 mg/L mais certains descendent à 2 mg/L.

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