2.4.3.a La cicadelle verte ou cicadelle des grillures

Quels sont les dégâts de la cicadelle verte au vignoble ?

Les premiers dégâts de cicadelle verte apparaissent en bordure des feuilles sous l’aspect de rougissement (cépages rouges), ou de jaunissement (cépages blancs), délimités par les petites nervures : taches aux contours polygonaux à allure de mosaïque. Les attaques commencent fin juin sur les feuilles de la base du cep. Les décolorations gagnent le centre du limbe, tandis que la périphérie se dessèche, brunit et donne à la feuille un aspect grillé. Les dégâts s’accentuent au cours des mois d’août et septembre. Les feuilles grillées présentent moins d’activité photosynthétique, et une diminution de la teneur en sucre ainsi qu’un retard de maturité peuvent être observés.

Quelles sont les confusions possibles avec d’autres maladies ?

Les carences potassiques et magnésiennes peuvent aussi créer des rougissements/jaunissements en bordures de feuilles qui s’accentuent et gagnent progressivement le centre du limbe.
Cependant, ces symptômes ne traduisent pas d’effet mosaïque et les nervures ne sont pas touchées. Les dégâts liés à la cicadelle verte causent des dessèchements qui lorsque les feuilles brunissent/grillent peuvent légèrement onduler et ressembler au phénomène de l’enroulement. Enfin les acariens peuvent causer un rougissement sur feuilles qui prend aussi la forme de mosaïque, mais ne se limite pas aux extrémités ce qui permet de distinguer légèrement ces symptômes de ceux de la cicadelle.

Comment reconnaitre la cicadelle verte ?

Ces cicadelles se trouvent toujours sur la face inférieure des feuilles. Les adultes sont de couleur verte ou rose, de 3 mm environ, et se déplacent ou s’envolent rapidement. Les larves blanches au début, deviennent vertes ou roses et se déplacent « en crabe ». La taille des larves est de moins de 1 mm pour le premier stade larvaire et de 3 mm pour le cinquième (ébauches alaires). Les œufs sont blancs translucides et allongés (0,7 mm). Ils sont rarement observables car situés dans les nervures.

Quelle est la biologie de la cicadelle verte ?

Les adultes passent l’hiver sur des arbustes à feuillages persistants ou des conifères. Les femelles migrent d’abord sur des plantes relais au printemps (rosier, ronce), puis sur la vigne dès la fin avril où elles vont pondre jusqu’à 15 à 20 œufs dans les nervures. Après une incubation de 8 à 10 jours, les premières larves apparaissent. Il y a 5 stades larvaires. La durée d’un cycle demande 55 à 60 jours. Selon les années et les régions, 2 à 4 générations peuvent se succéder, mais c’est la deuxième génération (juillet-août) qui compte le plus grand nombre de larves et engendre le plus de dégâts.

Ces sections sont issues de Vigne Vin Occitanie.

Existe-il des méthodes prophylactiques contre ce ravageur ?

Il n’existe pas beaucoup de mesures prophylactiques contre la cicadelle verte. Il semblerait que ce ravageur se rencontre surtout sur des vergers à proximité de vignes. Lorsque c’est le cas, il convient de surveiller tôt dans la saison l’installation des cicadelles vertes par des comptages. Certaines opérations peuvent être mises en œuvre :

• Les vignes vigoureuses, de forte densité foliaire représentent un lieu d’installation plus important pour les cicadelles vertes. Les apports excessifs d’azote peuvent conduire à une augmentation de la densité foliaire et nourrir ce même risque.

• Le maintien d’un enherbement et/ou de talus peuvent permettre l’installation de populations auxiliaires comme Anagrus atomus, les araignées, les carabes ou encore les punaises prédatrices des cicadelles vertes.

• D’autres méthodes peuvent être utilisées en viticulture biologique comme la kaolinite calcinée (argile blanche). La pulvérisation sur le feuillage forme une bonne couverture sur le végétal, cette barrière mécanique perturbe le déplacement, l’alimentation ainsi que la ponte des cicadelles.
  De plus, l’argile « blanchit » légèrement le feuillage, qui devient alors moins attractif que la couleur verte pour ces insectes. L’argile est aussi utilisée pour lutter contre les coups de soleil sur les feuilles. Attention toutefois, la couvrance du feuillage peut aussi risquer de limiter la photosynthèse.

Quels sont les traitements à disposition ?

Officiellement il n’existe pas de traitement de lutte spécifique à la cicadelle verte en viticulture biologique, mais l’utilisation d’insecticide à base de pyrèthre (autorisé en agriculture biologique) peut avoir une action contre ce ravageur.
Le cycle de la cicadelle verte peut débuter avant la floraison (avril) et peut durer jusqu’à la véraison (août). Afin de limiter les installations de population, leurs pontes ainsi que leurs passages aux différents stades larvaires, il convient de mettre en place des comptages réguliers (hebdomadaires) au sein du vignoble sur une centaine de feuilles, idéalement le matin par temps calme lorsque la température est encore fraiche et l’humidité élevée. Des pièges peuvent être utilisés mais une autre méthode consiste à retourner délicatement et aléatoirement des feuilles de tout étage foliaire afin d’observer la face inférieure. Cette tâche peut être rendue difficile, la cicadelle verte est rapide, saute et vole. Lors du comptage, il faut faire attention à ne pas compter aussi les mues des larves. Lorsque les comptages dénombrent une population élevée, il est possible de traiter.

Le seuil d’intervention est de 100 larves pour 100 feuilles autour de la floraison (mai-juin), et 50 larves pour 100 feuilles en été (juillet-août). Mais la révision de ces seuils est en cours. Il est actuellement envisagé des seuils de 100 larves pour 100 feuilles même en été. Des populations de 200 larves pour 100 feuilles ont déjà été observées, sans conséquence sur la qualité et la maturité du raisin. De plus, il semble exister un rôle cumulatif des larves : le cumul de la population sur une longue période semble plus intéressant que le niveau de population à un moment donné (par exemple : 15 jours d’occupation de 100 feuilles par 50 larves, pourrait être un seuil à retenir). Il n’existe pas de lutte biologique au sens strict. Des travaux menés par l’IFV Bourgogne et Gilles Sentenac ont montré qu’Anagrus atomus, parasitoïde de cette cicadelle avait un fort taux de parasitisme mais qui toutefois s’avère irrégulier.

Extrait de Vigne Vin Occitanie.