2.3.7.a La lyre

La lyre qu’est-ce que c’est ?

Concernant la conduite en lyre, formant un V, le feuillage est dédoublé et étalé sur deux plans de végétation inclinés. L’inclinaison de ces plans permet un meilleur contact direct avec le soleil. L’objectif est d’intercepter le plus de soleil possible afin de faire plus de photosynthèse et d’obtenir une meilleure alimentation des grappes en sucres. Cela peut entrainer une maturité plus précoce, un degré alcoolique plus élevé, un pool polyphénolique plus riche (couleur et tanins). De plus, une meilleure aération du feuillage devrait conduire à un état sanitaire plus qualitatif par la diminution des attaques cryptogamiques. La lyre peut aussi diminuer la prise au vent lorsqu’elle est conduite dans des vignobles qui y sont sensibles (Vallée du Rhône).

Adapter les travaux en vert sur une conduite en lyre

Cette pratique est adaptée en générale aux faibles densités, pour des productions de rendements corrects à élevés et semble montrer une réduction des coûts de production par rapport à un système de palissage classique. Mais une conduite du vignoble en lyre peut aussi demander quelques adaptations, en dehors de l’adaptation mise en place à la plantation, à savoir, le choix du matériel végétal, de l’orientation des rangs ou encore de la distance de plantation :

• Une conduite en lyre nécessite une année supplémentaire pour l’obtention de la taille de formation

• Des coûts d’installations supérieurs pouvant aller jusqu’à 20% de plus que pour l’installation d’une vigne à palissage vertical. Même si le coût est réduit par rapport aux faibles densités en conduite lyre, le double plan de végétation associé à un rendement plus important nécessite un équipement plus lourd (mieux adapté, plus de matériel). La mise en place d’un système de lyre peut couter 30 000€/ha contre 25 000€ pour une vigne verticale. En effet, le nombre d’attaches, de tendeurs, d’agrafes, de fils sont plus nombreux (fil central, fil porteur, fils de palissage, fil releveur), les piquets de têtes et autres doivent être plus résistants du fait de la charge supplémentaire.

• Une conduite qui nécessite une adaptation de l’alimentation hydrominérale. Du fait d’une végétation plus conséquente, la vigne évapo-transpire plus et peut consommer jusqu’à 30% d’eau en plus qu’une vigne verticale. C’est la raison pour laquelle, ce système peut être mieux adapté sur vigne irriguée ou devra, lorsque ce n’est pas le cas, faire l’objet d’installations supplémentaires pour le pilotage de l’irrigation. Dans le même sens, une vigne avec plus de végétation nécessite plus de minéraux pour son alimentation, elle peut produire jusqu’à 40-60% de sarments en plus qu’une vigne verticale. Les fertilisations minérales doivent être raisonnées en fonction et peuvent représenter un coût supplémentaire.

• Le mode de conduite en lyre semble montrer une réduction du temps d’intervention ramené au kg de raisins récolté : il facilite les opérations d’éclaircissage et de vendange puisque les grappes sont plus accessibles et réduit les opérations de ciselage ou de tri sur grappes en raison d’un meilleur état sanitaire. Cependant, le temps passé à l’hectare semble plus conséquent que sur une vigne palissée de manière verticale, notamment pour les opérations d’ébourgeonnage, d’effeuillage et d’égrappage 140h/ha contre 100h/ha pour un palissage classique. L’entretien demande davantage de main d’œuvre.

• Les possibilités de mécanisations peuvent être réduites. Même si dans l’ensemble la machinerie agricole ne nécessite pas d’adaptation particulière, certains engins peuvent ne plus être adapté telles que les effeuilleuses mécaniques. Les pratiques peuvent aussi être modulées (passage dans tous les rangs).