Le pilotage de l’irrigation peut nécessiter de jongler avec plusieurs outils mais il n’est pas forcément nécessaire de tous les appliquer/utiliser. Le choix des outils de pilotage de l’irrigation appartient au vigneron et devra être adapté aux diverses contraintes rencontrées (financières, horaires).
o Les analyses de sol : Il est utile de réaliser des fosses pédologiques au pied des vignes afin d’obtenir des informations sur leur système racinaire (profondeur, volume, types de racines). Ces informations pourront aider à comprendre le fonctionnement de la vigne et ses éventuels besoins en eau. Des mesures de tensiométrie à l’aide d’une sonde peuvent être utilisées en complément d’autres observations lors du pilotage de l’irrigation. Elles permettent de définir la capacité d’un sol à retenir l’eau. L’échelle de mesure se situe entre 0 et 200, plus la valeur est élevée, moins l’eau est disponible, et plus les apports d’eau devront être espacés et faibles en quantités.
o La météo : Il est possible d’installer au sein du vignoble une ou plusieurs stations météo qui permettront de connaitre les conditions climatiques à chaque instant et selon le microclimat de la parcelle. Il existe aussi des bulletins de contrainte hydrique publiés au cours de la période de maturation, qui reprennent l’ensemble des données collectées sur le terrain. Les données climatiques permettent aussi d’appréhender et d’estimer l’évapotranspiration de la vigne et apportent un renseignement supplémentaire dans le pilotage de l’irrigation.
o Les observations au vignoble : Les contrôles visuels au vignoble consistent souvent en la première méthode de reconnaissance d’un manque d’eau. L’observation de la couleur des feuilles permet d’obtenir certaines informations : les feuilles jaunies peuvent témoigner d’un manque important d’eau (mais il peut aussi s’agir d’une carence magnésienne). L’observation morphologique des apex est aussi essentielle pour suivre facilement le régime hydrique de la vigne. Pour cela il suffit de replier les deux dernières feuilles étalées le long de l’apex, lorsque 50% des feuilles se développent plus vite que les rameaux, la croissance des apex est ralentie, la contrainte hydrique peut être faible à modérée. Lorsque 50% des feuilles dépassent l’apex et/ou lorsque les apex sont secs ou nécrosés, la contrainte hydrique est sévère.
o Les mesures et suivis complémentaires : Il existe des mesures plus ou moins couteuses et chronophages qui peuvent être mise en place au vignoble tout au long du cycle végétatif afin d’obtenir des informations sur le régime hydrique de la vigne et piloter au mieux l’irrigation. Les potentiels foliaires de base (PHb, s’exprime en MPa) par exemple se mesurent à l’aide d’une chambre à pression avant le lever du jour, lorsque la plante a rééquilibré son état hydrique avec les réserves en eau disponibles dans le sol. Les potentiels foliaires de tiges (PHt), quant à eux, sont mis en place en pleine journée, lorsque la vigne subit le plus de stress. D’autres outils permettent aussi de caractériser le régime hydrique de la vigne, notamment le rapport isotopique 13C/12C ou la mesure de température des feuilles. Les cartographies NDVI (Normalized Difference Vegetation Index) peuvent être prises à différents moments du cycle végétatif et sur l’ensemble du vignoble. Il s’agit d’un outil pertinent pour visualiser l’état hydrique du vignoble dans son ensemble au cours et/ou à travers des millésimes.