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2.4.2.e Le court-noué

Le court-noué est une maladie très grave, causée par des virus du genre Nepovirus et présente dans tous les vignobles du monde. Désignée en France sous un nom qui rappelle l’un des symptômes qu’elle provoque (raccourcissement des entre-nœuds), elle est mondialement appelée fanleaf (« feuille-éventail »), qui illustre aussi une de ses manifestations (déformations foliaires en palmettes).

Elle infecte aussi bien les porte-greffes que les variétés à raisins, qu’elles soient issues de Vitis vinifera, d’autres espèces de Vitis ou de leurs hybrides. Les symptômes qu’elle provoque n’épargnent aucun organe, présentent une variabilité très étendue ainsi qu’une gamme de sévérité allant du signe bénin à une mortalité massive. Du fait de sa transmission par des nématodes du sol, elle peut perdurer très longtemps après arrachage d’une parcelle, et réinfecter plus ou moins rapidement la plantation suivante. Cette virose, et son extension catastrophique qui a accompagné la reconstitution post-phylloxérique, est historiquement à l’origine de la mise en place de la sélection française et du système de certification des bois et plants de vigne qui en a découlé.

Quels sont les dégâts causés par le court-noué au vignoble ?

Lorsque l’origine de la contamination n’est pas l’utilisation de matériel végétal infecté, le court-noué comme d’autres dépérissements infectieux apparaît d’abord par tâches au sein des parcelles. Les nématodes, en piquant successivement deux ceps voisins dont les racines sont proches, inoculent le virus du pied malade au pied sain.

Le court-noué se caractérise par de très nombreux symptômes. Leur type, leur répartition et leur sévérité sont extrêmement variables, et dépendent de multiples facteurs parmi lesquels on peut retenir :

  • La sensibilité variétale, très importante. Certains cépages, même fortement atteints, expriment peu de symptômes et maintiennent une production correcte (Ugni blanc, Clairette, Alicante Bouschet…). D’autres extériorisent très facilement les symptômes (Muscat à petits Grains, Chardonnay, Grenache…)
  • L’espèce et/ou la souche de népovirus impliquée, et l’éventuelle combinaison avec d’autres virus (synergie)
  • L’âge des souches, associé probablement à l’époque de l’infection (les vignes contaminées dans leur jeunesse expriment visiblement plus les symptômes)
  • Les conditions extérieures, en relation avec les stress, les maladies …
  • L’époque de l’année (symptômes les plus visibles dans la première partie du cycle)
  • D’autres facteurs en relation avec la vigueur, le porte-greffe…

Les principales manifestations sont les suivantes :

  • Au niveau d’une souche : affaiblissement progressif qui peut conduire à sa mort. Au printemps, la végétation est languissante, retardée, rabougrie et le port est buissonnant.

  • Sur rameaux : aplatissements et divisions anormales au niveau des nœuds ou des mérithalles (fasciations, « balais de sorcière »), raccourcissement des entre-nœuds, croissance en « zigzag », disposition anarchique des vrilles, départ de nombreux bourgeons secondaires, double-nœuds…

  • Sur feuilles : déformations parfois spectaculaires, anomalies des nervures (dédoublées, absentes, anarchiques…), jaunissements (couleur citron au printemps, évoluant vers le blanc en été), panachures réticulées ou diffuses du feuillage…
    Sur inflorescences et grappes : troubles de la fécondité (coulure, millerandage), hétérogénéités de maturité, pertes de rendement et de qualité…

Quel est son vecteur ? Quelle est la biologie du vecteur du court-noué ?

Dans le monde, on connaît 16 népovirus susceptibles de produire les symptômes de cette maladie, dont les vecteurs sont des nématodes du sol de l’ordre des Némathelminthes ou vers ronds, qui vivent parfois à de grandes profondeurs. 18 espèces vectrices ont été recensées, appartenant à 3 genres : Longidorus, Paralongidorus et Xiphinema.

Il existe des associations spécifiques entre nématodes vecteurs et virus. En France, on en trouve très majoritairement deux : le GFLV (Grapevine Fan Leaf Virus), plus souvent mis en évidence, et l’ArMV (Arabic Mosaïc Virus). Ils produisent les mêmes symptômes et sont transmis dans le sol par Xiphinema index pour le GFLV et Xiphinema diversicaudatum pour l’ArMV. Le couple X.index / GFLV est de loin le plus répandu dans le monde. Pour se nourrir, le nématode pique les racines en croissance à l’aide d’un stylet et transmet le virus s’il est infecté.

On trouve rarement les nématodes dans les couches superficielles du sol, perturbées par les travaux culturaux. Ils sont localisés à proximité des racines, souvent entre 30 et 80 cm (là où le chevelu est le plus dense), mais ils peuvent être retrouvés jusqu’à plusieurs mètres de profondeur si l’enracinement le permet. Ils survivent après arrachage de la vigne pendant plusieurs années en se nourrissant sur des fragments de racines non extirpés.
Lorsque les conditions sont défavorables, les nématodes ont aussi la capacité d’entrer en quiescence et d’assurer leur survie au-delà de 5 ans sans prise de nourriture, puis de rentrer à nouveau en activité si les conditions évoluent. Durant cette période, ils peuvent conserver leur capacité à transmettre le virus qu’ils portent. Par eux-mêmes, les nématodes ne parcourent pas plus de quelques centimètres par an, mais les déplacements de terre contribuent plus largement à leur dissémination (érosion, façons culturales, terrassements, …).

Extrait de Vigne Vin Occitanie.

Existe-il des méthodes prophylactiques ?

Il n’existe pas de traitement curatif spécifique au court-noué. Cependant, plusieurs méthodes de lutte prophylactiques peuvent être mises en place pour limiter la contamination et la survie des nématodes dans les sols :

  • La gestion de l’arrachage : lors de l’arrachage d’une parcelle symptomatique du court-noué, il faut veiller à retirer l’intégralité des racines, il est possible que certains fragments de racines soient encore présents après arrachage. Lors du temps de repos, il faut aussi veiller à arracher toute repousse possible de vigne, qui peuvent permettre la survie des nématodes vecteurs. Les tournières et fossés ne doivent pas déroger à la règle, il est important de les entretenir et d’arracher toute repousse probable de vigne.

  • La gestion du repos du sol : lorsqu’une parcelle est contaminée par des nématodes, il est fortement conseillé de respecter un repos allant de 7 à 10 ans avant de replanter une vigne. Ce temps de repos peut varier en fonction du type de sol et du degré de contamination. Voir la partie plantation.

  • Gestion de l’enherbement : il est possible de mettre en place un enherbement (spontané ou semé) à base de plantes nématicides. En tant que culture intercalaire (présente en même temps qu’une culture sensible), engrais vert ou encore en couvert végétal simple, certaines espèces et variétés de plantes produisent des substances néfastes aux nématodes du court-noué (Longidorus et Xiphinema). Ces plantes nématicides sont par exemple : la luzerne, le lupin, l’avoine ou encore les tagètes.

  • Le choix du matériel végétal : il est aussi fortement conseillé, de replanter un matériel végétal certifié sain. Le porte-greffe Nemadex d’Alain Bouquet permet de retarder significativement la recontamination par le court-noué. Cependant, il montre tout de même certaines contraintes agronomiques telles qu’une forte vigueur et une mauvaise tolérance à la sécheresse.

  • Les méthodes en cours de validation : la prémunition aussi appelée protection croisée est une technique qui consiste à infecter la vigne d’une souche hypo-virulente du court-noué. Une fois infectée, la vigne est capable de résister à une souche hyper-virulente. Cette méthode est en cours de validation et permettrait de retarder une nouvelle infection, ainsi que les symptômes.

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